Portes à clapets sur l’Uhabia : un projet coûteux illustrant le principe de mer poubelle
Communiqué de presse du 16 novembre 2011
Article mis en ligne le 22 novembre 2011
dernière modification le 22 novembre 2012

La rivière Uhabia a la triste réputation d’être l’une des plus polluées du littoral basque.

Le projet mené par la mairie de Bidart et l’ACBA, a pour seul but d’améliorer la qualité des eaux de baignade de la plage de l’Uhabia pour être en conformité avec la nouvelle directive eau de baignade effective en 2015.

A nos yeux, c’est un projet portant atteinte à l’environnement, coûteux et inutile !

Les communes du bassin versant ont finalisé et signé en juillet dernier un contrat de bassin visant à dépolluer le fleuve de l’Uhabia d’ici 2013.

Ce projet, dont l’investissement global est de l’ordre de 22 millions d’euros, prévoit le creusement d’un bassin de stockage, le contrôle du fleuve par un système de portes à clapets et la création d’un émissaire en mer, pour détourner l’eau polluée du fleuve lors de fortes précipitations. Schématiquement 12 millions sont affectés au traitement des sources de pollution reconnues : mauvais ou absence de raccordement au tout à l’égout et pollutions agricoles. Alors que le contrat de bassin s’engage à traiter ces sources de pollution d’ici 2013, pourquoi dépenser 10 millions de plus pour le système des portes à clapets ?

Ce n’est qu’une illustration du principe de « mer poubelle »

Le nouvel émissaire déplacera les eaux polluées à 500 mètres au large dans une zone récemment classée Natura 2000 côtier. Échappant à tout contrôle, ce procédé repose en partie sur la dilution et la mort des bactéries fécales en milieu marin. Il ne tient pas compte de la diffusion et de la persistance dans le milieu de la pollution chimique, des métaux lourds, des détergents, des perturbateurs endocriniens tels que les PCB présents dans les eaux de l’Uhabia et dans les eaux traitées de la station d’épuration.

Le projet ne prend pas en considération l’existence de l’ancienne décharge de Bassilour. Actuellement enfouie sous la zone d’activités éponyme, cette décharge constitue pourtant l’une des sources majeures et chroniques de pollution de l’Uhabia (voir contrat de bassin p.9)

De même, en période d’abondante précipitation, les effluents (lixiviats) de la décharge Zaluaga de St Pée arrivent jusqu’à l’Uhabia : insuffisamment traités, ils aggravent la pollution de cette rivière. Pour la décharge de Bachefores à Bayonne un programme de traitement de ces lixiviats est enfin mis en place avec lagunage et phyto-dépollution. Cela doit aussi être appliqué ici.

Le projet ne prévoit rien en ce qui concerne les eaux de ruissellement qui devraient être directement drainées vers des espaces verts permettant une dépollution naturelle et gratuite, ce serait aussi le meilleur moyen de prévenir les crues ; une loi existe dans ce sens, pourquoi n’est-elle pas appliquée ?

L’implantation des portes à clapets entrainera une artificialisation obligatoire des berges qui, outre l’aspect inesthétique, empêchera une dépollution naturelle. Actuellement le reboisement est au contraire recommandé. Critiquée par la DREAL (avis du 3 septembre 2010), la canalisation de la rivière va à l’encontre du respect élémentaire du droit de l’environnement pourtant préconisé dans le projet de contrat de bassin (voir p.11) et risque d’entrainer le paiement d’amende à l’Europe.

Le nouveau système ne sera utilisé que pendant la période estivale et en dehors des risques de crues. Le reste du temps, les pollutions pourront continuer à s’épandre sur la plage et dans l’océan.

Enfin, la brusque montée ou descente des eaux selon le fonctionnement des portes sera source de dangers pour les personnes ou les animaux à proximité. Les résidus boueux et nauséabonds dans le bassin enherbé engendreront des désagréments pour les riverains.

Un projet onéreux et inutile

Le système proposé par l’ACBA et la municipalité de Bidart est très coûteux, sachant que le fonctionnement des nouvelles installation ne devrait être pleinement opérationnel que pour la saison 2013 (dixit le maître d’ouvrage). Cet investissement signifie-t-il que les collectivités doutent du succès du contrat de bassin ? Le projet serait-il mené pour justifié un manque d’efforts en matière de dépollution ? Notons que, comme ce projet est provisoire, le contribuable devra repayer au moment de son démantèlement.

Certains pays comme le Canada, ainsi que certaines communes françaises comme celle de Mulhouse, sont en train de détruire les installations nuisant à l’écoulement pour restaurer leurs cours d’eau.

Face à ces incertitudes et à ces approximations, nous demandons à ce que les associations siègent au contrat de bassin, comme cela est prévu dans la directive européenne, que la pollution générée par la décharge de Bassilour soit traitée au plus vite et que des contrôles rigoureux (accompagnés de pénalités) soient réalisés auprès des principales sources de pollutions (assainissement collectif et individuel, pollution agricole, hôtellerie de plein air...)

Associations signataires de ce communiqué :

CADE - SEPANSO - ACE - Coordination Nationale Médicale Santé Environnement - IDEAL - Coordination Santé Environnement Pays basque - ZIP Adour

Crédit Photo : Harrieta171, CC BY-SA 3.0